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fait souffrir tant qu’elle a pu, — je n’ai pas eu d’aventures d’amour intéressantes, et à vingt-cinq ans, j’attendais encore sans la voir venir, je cherchais toujours sans la trouver, la femme qu’on rêve, la femme qui nous est mystérieusement destinée, celle qui... celle que... Enfin, tu me comprends. La guerre éclata. Après la campagne sous Metz, je fus interné en Poméranie et, bientôt après, condamné par une cour martiale à six mois de forteresse, pour avoir houspillé un capitaine allemand qui s’était permis de lever la main sur un soldat de ma batterie, prisonnier comme moi. Je ne pus revenir en France, assez mal en point, que dans les derniers jours du mois de juin 71, après la défaite des communards, et je me décidai à passer mon congé de convalescence à Saint-Germain, pour prendre, selon la recommandation des médecins, des bains de soleil et de grand air sur la Terrasse.

« Les quelques familles parisiennes qui se reposaient là des fatigues et des privations du siège voulurent bien remarquer le jeune capitaine qui avait l’air si las et qui se promenait en s’appuyant si fort sur sa canne. On apprit l’anecdote de ma captivité ; on sut que je n’avais évité le peloton