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II

« Tu sais que j’ai toujours été sentimental, romanesque même. A l’École polytechnique, je négligeais l’X pour toutes sortes de rêveries, et, sans le temps que j’ai perdu à grossir un recueil de mauvais sonnets, brûlés depuis lors, bien entendu, je serais sorti dans le corps des Mines ou dans les Ponts et Chaussées et je ne porterais pas aujourd’hui le pantalon à double bande rouge. L’état militaire, nonobstant le vieux mythe de Mars et de Vénus, n’est point favorable aux amours. La majeure partie de ma belle jeunesse s’est écoulée dans des villes de garnison, dans l’austère province. Ayant quelque délicatesse, j’ai été promptement dégoûté de ces personnes qui laissent traîner sur leur guéridon un album plein de photographies d’officiers et qui pourraient faire sécher une fleur de souvenir à bien des pages de l’annuaire.

« Sauf une Parisienne en exil, femme d’un fonctionnaire, — c’était d’ailleurs une froide coquette qui m’a