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et plus ennuyeuses que les Poèmes Béarnais. Peu ou point de réclames. Cette fois, les camarades de la presse firent la sourde oreille aux sollicitations de Marius. On commençait même, dans les salons littéraires, à se moquer un peu de celui qu’on appelait « le beau diseur », et les malveillants murmuraient déjà les mots fâcheux de « raté » et de « fruit sec », lorsque, brusquement, deux mois après l’échec radical de ses malencontreuses Pyrénéennes, Marius Cabannes publia ce pur et délicat chef-d’œuvre qui a nom : Lettres d’Amour.

L’étonnement fut immense. Il n’y avait pas à dire, mon bel ami, depuis la Religieuse Portugaise et Mlle de Lespinasse, on n’avait rien lu de plus sincère, de plus touchant, de plus passionné. Ce n’était pas l’insupportable roman par lettres. — Non ! trop éloquente Julie de Rousseau. Non ! Corinne à turban. — C’était bien plus simple que cela.

Une très pauvre sous-maîtresse, gagnant son pain dans une institution de jeunes demoiselles, n’avait qu’une demi-journée de liberté par semaine ; cette demi-journée, elle la passait avec son amant, un étudiant-poète aussi pauvre qu’elle, vivant dans un taudis du quartier latin ; et, follement