les cheminées littéraires, se surpassa dans ce genre à un dîner de la Cigale présidé par un ministre méridional, obtint, du coup, une place dans les bureaux de l’Instruction publique, séduisit enfin un éditeur et publia ses Poèmes Béarnais.
La redoutable épreuve de l’impression ne leur fut pas favorable, du moins aux yeux des véritables connaisseurs. Tout nus sur le papier blanc, dépouillés de la chaleur artificielle dont les échauffait la voix de baryton de Marius, ils apparurent tels qu’ils étaient en réalité, froids comme cadavres et creux comme radis. Malgré les nombreuses réclames obtenues par l’auteur, qui se multiplia et fit « donner » tous les journalistes nés au delà de la Loire, l’infortuné libraire, qui avait eu la témérité d’imprimer les Poèmes Béarnais à ses dépens, n’en vendit pas deux cents exemplaires sur mille.
Marius Cabannes souffrit beaucoup, sans doute, de cet insuccès ; mais il eut l’adresse de s’en servir, de s’en faire même une parure. Il alla plus que jamais dans le monde, où il affectait la fière mélancolie du poète méconnu et où il accusait la société moderne d’une cruelle indifférence pour le grand art. Souriant avec amertume quand on lui demandait de dire quelques vers, il se faisait