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défiler, en descriptions assez justes de dessin et de couleur, les scènes et les paysages de là-bas ; et c’était, chez tous les étudiants de Pau ou de Dax installés devant les pyramides de soucoupes, un rugissement de plaisir quand Marius, adossé au poêle de l’établissement, annonçait avant de les déclamer ses poèmes par leurs titres : Aux Pyrénées. Les Joueurs de pelote. A Henri Quatre. Une Soirée à Biarritz. Au bord du Gave. L’Écarteur landais. La Lame de fond. A Saint-Jean-de-Luz, etc.

Un public plus désintéressé se serait-il aperçu qu’il n’y avait là aucune sincérité, aucune palpitation, que tous ces morceaux — c’est le mot qui convient pour parler des vers de Cabannes — étaient à la glace, fabriqués de parti pris comme des vers latins ? Peut-être. Mais Marius, excellent diseur, était aussi très capable d’éblouir les critiques les plus sévères par sa voix chaude, que faisait trembler une émotion factice, et par son faux air d’homme de génie.

Ce simili-poète, qui avait en lui l’étoffe d’un diplomate, ne devait pas s’attarder, on le pense bien, à des succès de cénacle. Il joua des coudes, et vigoureusement, dans la cohue parisienne, fit d’utiles relations, s’accouda, pour déclamer ses vers, à toutes