Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t3, 1890.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée

couché, et il m’a fait peur, avec ses yeux caves et brûlants de fièvre... Sans la maman, m’a-t-il dit, il se serait tué... C’est atroce, n’est-ce pas ?... Un musicien ne devrait jamais avoir d’autre maîtresse qu’une fugue de Bach ou qu’une partition de Gluck, ma parole d’honneur ! »

Maugé eut un petit frisson, sentit quelque chose qui ressemblait à un remords. Mais l’égoïste reprit bien vite le dessus.

— « Est-ce qu’on meurt de ça ? »

Il n’y pensa plus. Mais, l’hiver suivant, au Bal des Artistes, il se trouva brusquement devant Sylvandire, plus belle que jamais dans un costume rouge de dogaresse et aveuglante de diamants.

— « Eh bien, mon auteur, — lui cria l’effrontée, — on m’a donc lâchée tout à fait depuis l’Argent-Roi ?... Ce n’est pas ma faute à moi toute seule, après tout, si nous avons eu un « four »... Faites-m’en un autre, de rôle, et nous prendrons notre revanche. »

L’auteur dramatique, vexé par ce fâcheux souvenir, ne répondit que par un aigre ricanement ; puis, bêtement, pour dire quelque chose, il demanda à la comédienne :

« Et les amours ?