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d’autre chose... Imaginez-vous qu’il y a quelques mois... tenez ! quand on a joué votre dernière pièce... il est devenu fou d’amour de cette Sylvandire, vous savez ? une coquine... Le malheur, c’est que, par extraordinaire, elle l’a remarqué, elle aussi, et qu’elle a eu une sorte de fantaisie pour lui... Cet enfant naïf, ce cœur d’artiste ingénu, livrés à cette fille ! Une branche de lilas blanc tombée dans une cuvette, quoi !... Elle a d’abord quitté pour lui un certain Libanoff, puis, quand tous les écrins ont été au Mont-de-Piété, elle a repris son Russe, et le malheureux Amédée est devenu l’amant qu’on embrasse entre deux portes, qu’on cache dans les placards... Toutes les hontes !... Il a fini par prendre son courage à deux mains et par s’enfuir, mais souillé, désespéré, et il est allé se réfugier chez sa mère, la vieille fruitière de la rue de Seine, dont, par pudeur, ou, qui sait ? par vanité, il n’avait jamais parlé à cette femme. Sans quoi, Sylvandire serait peut-être allée le relancer jusque-là. Ayant été quittée la première, elle était entrée en folie... Eh bien, il ne peut pas oublier cette créature, il en meurt, il ne fait plus de musique ! L’autre jour, quand je suis allé le voir, dans sa mansarde, je l’ai trouvé