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III

La première fois que Maugé vit dans la loge de Sylvandire le petit Amédée, blotti dans un coin du canapé, parmi les jupons épars, et contemplant, avec des yeux égarés et comme fous de désirs, la nuque et les épaules mythologiques de la royale drôlesse assise à sa toilette et en train de « faire sa figure », le vieux dilettante en débauche eut un mouvement d’orgueilleuse satisfaction. Ce que c’est qu’un auteur à succès, pourtant ! Lui seul était assez puissant pour donner une pareille aumône à un pauvre diable. Rothschild lui-même n’aurait pas pu en faire autant, Sylvandire étant une femme à fantaisies, point vénale de nature, cupide seulement par occasion. Et, tout en accompagnant l’actrice dans les coulisses, il la fit causer.

— « C’est tout de même une drôle d’idée que vous avez eue, — dit-elle, — de servir de dieu Mercure à ce gamin. Mais si vous avez cru m’imposer une corvée, — vous en êtes capable, vous êtes quelquefois si mauvais, — eh bien, c’est une