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« Madame Clément… monsieur Gabriel. — Monsieur Gabriel… madame Clément. » Et enfin elle éclata de rire.

Gabriel salua avec gaucherie. Mme  Clément balbutia péniblement quelques mots.

Mais le jeune homme la regardait sans la voir, l’écoutait sans l’entendre. Il avait soif ; il ne savait où mettre ses mains. Elle lui apparaissait comme dans un brouillard, debout devant lui, petite, mignonne, les yeux baissés, avec une jolie fraise de mousseline blanche qui descendait dans l’échancrure du corsage de sa robe grise, et tenant à deux mains devant elle l’anse d’un sac à ouvrage en cuir noir.

Alors, faisant un effort énorme, Gabriel passa sa main sur son front tout en sueur et lui demanda, d’un air éperdu, si elle ne trouvait pas qu’il fît bien chaud.

La bruyante hilarité de Mme  Henry vint les tirer tous deux d’embarras.

« Allons ! asseyons-nous. Le café sera froid. Tenez, sucrez-vous, monsieur Gabriel… Comment, ma petite Nini, déjà à votre broderie ? Quelle ardeur ! Eh bien, où ai-je fourré mon étui à aiguilles ?… Bon, le voilà dans ma poche ! Ah ! j’ai une tête…