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deux grandes cuvettes pleines de riz et de chocolat au lait.

La physionomie mélancolique et populaire de cette maison, qui faisait songer au visage d’un ouvrier pauvre, rassura un peu Gabriel. Le cœur battant à grands coups, il y entra brusquement et se dirigea, dans les ténèbres, vers la loge du portier, guidé par une forte odeur de soupe à l’oignon.

« M"" Henry ? murmura-t-il à la lucarne.

— Hein ?

— M°" Henry ? dit-il un peu plus haut.

— Au second, en face, » répondit une voix de vieille femme.

Et, trébuchant à chaque marche de l’escalier noir, tâtant dans l’obscurité l’antique et grosse rampe de bois, Gabriel arriva enfin devant la porte indiquée, s’arrêta, palpitant, et, après avoir longuement respiré, sonna d’une main tremblante.

Tout de suite, M""’ Henry vint ouvrir.

« Ah ! monsieur Gabriel ! mais entrez donc... Asseyez-vous donc... Comme c’est aimable de vous être souvenu de moi ! »

Par un contraste aussi heureux qu’inattendu, la chambre était gaie avec ses deux hautes fenêtres ouvertes, et la lumière et le soleil y pénétraient large-