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allons chercher avec Maria. Tant pis si vous ne trouvez rien et si les maçons se fâchent. C’est vous qui m’aurez forcé. »

Jean-François avait l’âme remplie d’épouvante. Il se rappelait la gêne et les petits emprunts de Savinien, l’air sombre qu’il lui avait trouvé depuis quelques jours. Cependant il ne voulait pas croire à un vol. Il entendait l’Auvergnat haleter, dans l’ardeur de sa recherche, et il serrait ses poings fermés contre sa poitrine, comme pour comprimer les battements furieux de son cœur.

« Les voilà ! hurla tout à coup l’avare victorieux. Les voilà ! mes louis, mon cher trésor ! Et dans le gilet des dimanches de ce petit hypocrite de Limousin. Voyez, patron, ils sont bien comme je vous ai dit. Voilà le Napoléon, et l’homme à la queue, et le Philippe que j’ai mordu. Regardez l’encoche. Ah ! le petit gueux, avec son air de sainte-nitouche. J’aurais plutôt soupçonné l’autre. Ah ! le scélérat ! faudra qu’il aille au bagne. »

En ce moment, Jean-François entendit le pas bien connu de Savinien qui montait lentement l’escalier.

« Il va se trahir, pensa-t-il. Trois étages. J’ai le temps. »