contenue, qui se traduisait par des soins et des prévenances de père. Savinien, lui, nature molle et égoïste, se laissait faire, satisfait seulement d’avoir trouvé un camarade qui partageait son horreur du cabaret. Les deux amis logeaient ensemble, dans un garni assez propre, mais, leurs ressources étant très bornées, ils avaient dû admettre dans leur chambre un troisième compagnon, vieil Auvergnat sombre et rapace, qui trouvait encore moyen d’économiser sur son maigre salaire de quoi acheter du bien dans son pays.
Jean-François et Savinien ne se quittaient presque pas. Les jours de repos, ils allaient faire ensemble de longues promenades aux environs de Paris et dîner sous la tonnelle, dans une de ces guinguettes où il y a beaucoup de champignons dans les sauces et d’innocents rébus au fond des assiettes. Jean-François se faisait alors conter par son ami tout ce qu’ignorent ceux qui sont nés dans les villes. Il apprenait le nom des arbres, des fleurs et des plantes, l’époque des différentes récoltes ; il écoutait avidement les mille détails du grand labeur bucolique : les semailles d’automne, le labourage d’hiver, les fêtes splendides de la moisson et de la vendange, et les fléaux battant le sol, et le bruit