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parisien, mais bien court, cette fois, car au bout de six semaines tout au plus il fut de nouveau compromis dans un vol nocturne, aggravé d’escalade et d’effraction, affaire ténébreuse, où il avait joué un rôle obscur, moitié dupe et moitié receleur. En somme, sa complicité parut évidente, et il fut condamné à cinq années de travaux forcés. Son chagrin, dans cette aventure, fut surtout d’être séparé d’un vieux chien qu’il avait ramassé sur un tas d’ordures et guéri de la gale. Cette bête l’avait aimé.

Toulon, le boulet au pied, le travail dans le port, les coups de bâton, les sabots sans paille, la soupe aux gourganes datant de Trafalgar, pas d’argent pour le tabac, et l’horrible sommeil du lit de camp grouillant de forçats, voilà ce qu’il connut pendant cinq étés torrides et cinq hivers souffletés par le mistral. Il sortit de là, ahuri, fut envoyé en surveillance à Vernon, où il travailla quelque temps sur la rivière ; puis, vagabond incorrigible, il rompit son ban et revint encore à Paris.

Il avait sa masse, cinquante-six francs, c’est-à-dire le temps de la réflexion. Pendant sa longue absence, ses anciens et horribles camarades s’étaient dispersés. Il était bien caché et couchait dans une soupente, chez une vieille femme à qui