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LE REMPLAÇANT


Il avait dix ans à peine quand on l’arrêta, une première fois, pour vagabondage.

Il dit aux juges ceci :

« Je m’appelle Jean-François Leturc, et voilà six mois que je suis auprès de l’homme qui chante, entre deux lanternes, sur la place de la Bastille, en frottant une corde à boyau. Je dis le refrain en même temps que lui, et ensuite c’est moi qui crie : « Demandez le recueil de chansons nouvelles, dix centimes, deux sous. » Il était toujours en ribote et me battait ; voilà pourquoi les agents m’ont trouvé, l’autre nuit, dans les démolitions. Avant, j’étais avec celui qui vend du poil à gratter. Ma mère était blanchisseuse, elle se nommait Adèle. Autrefois un monsieur l’avait établie dans un rez-