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devant la porte de ma maison. Au XVIIe siècle, elle s’appelait l’Impasse des Vaches et elle n’était sans doute alors qu’un chemin à fondrières ; mais quelques seigneurs avaient déjà construit de ce côté leur « maison des champs », et c’est là qu’est morte Mme de la Sablière, l’excellente amie de La Fontaine, dans son logis, « près des Incurables ». Un hôtel du siècle dernier, situé au coin de la rue Oudinot, est devenu l’hôpital des Frères Saint-Jean-de-Dieu, et les arbres de leur beau jardin dépassent le vieux mur effrité qui occupe presque tout le côté droit de la rue Rousselet. De l’autre côté s’étend une rangée d’assez pauvres maisons, où logent des artisans et des petits employés, et qui toutes jouissent de la vue du jardin des Frères. La rue Rousselet est très mal pavée, le luxe du trottoir n’y apparaît que par tronçons ; l’une des dernières, elle a vu disparaître l’antique réverbère à potence et à poulie. Peu de boutiques, et des plus humbles : l’échoppe du cordonnier en vieux, le trou noir de 1’Auvergnat marchand de charbon, le cabaret d’angle avec l’enseigne classique : Au bon coing, et de tristes épiceries où vieillissent dans un bocal des sucres d’orge fondus par vingt étés et gelés par vingt hivers, à côté