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et de bouts de cigares, et on aurait pu écrire son nom dans la poussière qui revêtait tous les meubles.

Il contempla quelque temps les murailles où le sublime lancier de Leipsick trouvait cent fois un glorieux trépas ; puis, pour se désennuyer, il passa en revue sa garde-robe. Ce fut une lamentable série de poches percées, de chaussettes à jours, de chemises sans bouton.

Il me faudrait une servante, » se dit-il.

Puis il songea à la petite boiteuse.

« Voilà. Je louerais le cabinet voisin. L’hiver vient, et la petite doit geler sous l’escalier. Elle surveillerait mes vêtements, mon linge, nettoierait le casernement. Un brosseur, quoi ? »

Mais un nuage assombrit ce tableau confortable. Le capitaine se souvenait que l’échéance de son trimestre était encore lointaine, et que sa note prenait des proportions inquiétantes au café Prosper.

« Pas assez riche, rêvait-il en monologuant. Et cependant on me vole là-bas, c’est positif. La pension est beaucoup trop coûteuse, et ce barbu de vétérinaire joue comme feu Bézigue. Voilà huit jours que je paie sa consommation. Qui sait ? je ferais peut-être mieux de charger la petite de l’ordinaire.