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Le capitaine étant un soir sorti pour aller chercher des cigares, après une discussion politique assez vive, le susdit vétérinaire grommela quelques phrases sourdes et irritées où il était question de « dire son fait », de « traîneur de sabre », et de « couper la figure ». Mais, l’objet de ces menaces vagues étant rentré soudain, en sifflant une marche et en faisant le moulinet avec sa canne, l’incident n’eut pas, de suites.

En somme, le groupe vivait en bonne intelligence et se laissait volontiers présider par le nouvel habitué, dont la tête martiale et la barbiche blanche étaient vraiment assez imposantes ; et la petite ville, qui était déjà fière de bien des choses, pouvait l’être aussi de son capitaine en retraite.

Le bonheur parfait n’existe pas, et le capitaine Mercadier, qui croyait l’avoir rencontré au café Prosper, dut bientôt revenir de cette illusion.