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bon que s’il avait frotté l’allumette sous le marbre de la table, et jamais il n’avait manqué, après avoir attaché son sabre et son képi à la patère et s’être installé en lâchant quelques boutons de sa tunique, de pousser un profond soupir de soulagement et de s’écrier :

« Ça va mieux ! »

Son premier soin fut donc de rechercher l’établissement qu’il fréquenterait, et, après avoir fait un tour de ville sans rien trouver à sa convenance, il arrêta enfin son regard de connaisseur sur le café Prosper, situé à l’angle de la place du Marché et de la rue de la Paroisse.

Ce n’était pas son idéal. L’extérieur offrait bien quelques détails par trop provinciaux : ce garçon en tablier noir, par exemple, et ces petits ifs dans leurs caisses vertes, et ces tabourets, et ces tables de bois recouvertes de toile cirée. Mais l’intérieur plut au capitaine. Il fut réjoui, dès son entrée, par le bruit du timbre que toucha la grasse et fraîche dame du comptoir, en robe claire, avec un ruban ponceau dans ses cheveux bien pommadés. Il salua cette personne et jugea qu’elle occupait. avec une suffisante majesté, sa place triomphale entre les deux édifices de bols à punch, congrûment