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une livre de bougies et une bouteille de rhum, il revint, déposa son emplette sur la cheminée, et promena autour de lui le regard d’un homme très satisfait. Puis, avec la promptitude des camps, il se rasa sans miroir, brossa sa redingote, inclina son chapeau sur l’oreille, et s’alla promener par la ville, en quête d’un café.

Le séjour de l’estaminet était une habitude invétérée chez le capitaine. Il y satisfaisait à la fois les trois vices égaux dans son cœur : le tabac, l’absinthe et les cartes. Sa vie toute entière s’y était écoulée, et il aurait pu dresser, de toutes les villes où il avait garnisonné, un plan par cantines, marchands de tabac à comptoir, cafés et cercles militaires. Il ne se sentait vraiment à son aise qu’une fois assis sur le velours ras d’une banquette, devant un carré de drap vert près duquel s’amoncellent les chopes et les soucoupes. Son cigare ne lui semblait