chaude, offrait une vague ressemblance, en plus jeune, avec l'Homme noir de Francia qui est au Louvre.
Sa vie était monotone. Lesté du classique café au lait, il partait de bon matin pour son bureau, emportant dans une poche de sa redingote un petit pain fourré de charcuterie. Il suivait le parapet des quais, flânant, regardant les bateaux et les pêcheurs à la ligne, bouquinant parfois. Il ouvrait volontiers les livres de vers, mais n’achetait jamais rien, étant très pauvre et entendant souvent sa mère, femme craintive et économe, lui parler des soucis du ménage. Res angusta domi, comme disait jadis feu M. Fontaine. Au ministère, il était aimé de ses camarades. Il paraissait s’intéresser aux conversations, souriait des calembours, faisait volontiers la besogne d’un absent. Le soir, il regagnait le quai Saint-Michel par le plus long, prenait, en tête-à-tête avec sa mère, un repas assez semblable à une dînette de poupée, tant il était rapide et frugal ; puis, quand la veuve, qui était de la campagne et en avait conservé certaines habitudes, s’était couchée vers huit heures, il se retirait dans sa chambre pour lire ou pour rêver, ou quelquefois, mais assez rarement, il sortait encore et allait voir des amis de