Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une partie du carrelage, toujours enduit de siccatif ; que deux gravures d’après Delaroche, prime d’abonnement à quelque journal, constituaient, avec la plate image de M. Fontaine, toute l’ornementation artistique du logis ; que, près de la bergère ordinairement occupée par la veuve, un bas à demi tricoté, une paire de lunettes d’argent et une Journée du chrétien étaient placés sur une petite table ronde ; que tout, enfin, étincelait d’une froide et méticuleuse propreté, le lecteur aura compris sans doute avec quelle éloquence ce triste et calme intérieur exprimait une vie de pauvreté dignement supportée, de vertus bourgeoises et presque inconscientes.

La troisième pièce de l’appartement était la chambre de Gabriel. Plus petite encore que les deux autres, tendue d’un vilain papier blanc à fleurs bleues et chauffée par un poêle très bas, en faïence, dont le tuyau noir faisait un coude et allait percer la muraille, elle était sommairement meublée de deux chaises de paille, d’un lit de fer court et étroit, sans rideaux, presque un lit de dortoir de collège, d’une petite table recouverte d’un tapis, d’une commode qui contenait le linge et les hardes et supportait un lavabo, et enfin d’une