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Mes parents n’étaient pas assez riches pour avoir une servante. Certes non, les pauvres gens ! et je me souviens même qu’elles duraient très longtemps, les redingotes à collet de velours de mon père, et que maman faisait assez souvent de petits savonnages. Dès le matin, le pauvre homme s’en allait à son ministère, emportant dans sa poche un morceau de pain fourré de charcuterie pour son déjeuner ; mes deux sœurs – elles étudiaient la peinture – partaient pour leur atelier, et tandis que la cadette, celle qui devait mourir à vingt-trois ans, hélas ! et que nous appelions alors « la grosse Marie », finissait le ménage, ma pauvre mère s’installait à son petit bureau, près de la fenêtre, et commençait à copier des mémoires de charpente ou de serrurerie pour les entrepreneurs