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tration qu’un secours insuffisant, et Gabriel dut renoncer à la carrière de l’enseignement et chercher des ressources immédiates pour soutenir sa mère. Le proviseur du lycée, homme bienveillant et serviable, fit donc obtenir au jeune homme, dans les bureaux de l’Instruction Publique, un emploi rétribué quinze cents francs par an ; et cette somme, jointe à la petite pension de Mme  Fontaine et à quelques chétives économies faites du vivant du père, assura le pain quotidien à la veuve et à son fils.

Le logis qu’ils occupaient était composé de trois petites pièces et d’une cuisine. La salle à manger, tendue de l’éternel papier chêne, et dont le carreau avait été peint en brun-rouge, contenait le buffet d’acajou, la table à toile cirée et les six chaises de canne réglementaires, devant chacune desquelles reposait un rond de paille tressée. Les rideaux blancs, retenus par des tringlettes, et le poêle de brique, à la peinture verte écaillée, n’y manquaient pas non plus, et les seuls ornements de la muraille étaient des collections de papillons encadrées qui révélaient les goûts entomologiques du défunt M. Fontaine. La chambre à coucher de la veuve, qui tenait lieu de salon, était encombrée