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logue, sans honorer d’un regard le soleil couchant.
Soudain, les milliers de petits oiseaux dont la palpitation d’ailes secouait d’un frisson les platanes de la Frégate, commencèrent ce que le peuple appelle naïvement leur prière du soir. Après un prélude de quelques cris isolés, le concert éclata brusquement, et, des grands arbres criblés d’étincelles, un gazouillis fou s’éleva où se mêlaient le sifflet des merles, le guilleri des moineaux et le fringottement des pinsons, unis et confondus dans un chœur immense qui imitait le bruit clair et continu d’un torrent lancé sur des pierres.
Deux jeunes bourgeoises, assez élégamment mises, passèrent alors en bavardant. Auprès d’elles marchait un petit garçon, habillé comme un chien savant et tenant à la main un ballon captif sur lequel étaient écrits ces deux mots :
Au Louvre.
« Je vous assure, ma chère, disait l’une des deux femmes à sa compagne, que vous avez eu tort d’acheter aujourd’hui vos gants de Suède... Il y aura samedi une exposition au Bon Marché... Des occasions superbes... »