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Quand la fièvre te tord sur ton lit de souffrance,
Tous se disent, jusqu’à tes ennemis de France :
« Qu’il vive, le pauvre Empereur ! »

Tous, surtout les Français ; ― car leur rancune affreuse
N’étouffe pas en eux la bonté généreuse :
Ils ne haïssent qu’à moitié.
Ils s’arment, en songeant aux hontes de naguère ;
Mais, parmi leurs fusils, durs épis de la guerre,
Fleurit ce bleuet, la pitié.

Oui, vainqueur de Sedan, durant ta longue angoisse,
Malgré nos soldats morts et bien que l’herbe croisse
Sur leurs tombeaux pas très anciens,
En toi nous n’avons vu, pris d’un respect sévère,
Qu’un homme qui souffrait, qu’un époux et qu’un père,
Au milieu des sanglots des siens.

Mais, soudain, te laissant l’empire et le royaume,
Il s’éteignit, le dur soldat, le vieux Guillaume,
Le légendaire conquérant.
Âgé de près d’un siècle, il te laissait ton heure ;
Et l’on vit, rassemblant sa force intérieure,
Se dresser le prince mourant.