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Et toi, dont le cœur dans les yeux se montre,
Tu n’es déjà plus l’enfant d’autrefois ;
Et, depuis le jour de notre rencontre,
Dix ans sont passés. Compte sur tes doigts.

Mais, quand un amour est tel que le nôtre,
Qu’importe, après tout, qu’on se fasse vieux !
Nous pouvons rester jeunes l’un pour l’autre,
En nous aimant plus, en nous aimant mieux.

Vois ces deux époux dont la tête tremble,
Assis côte à côte, heureux, sans parler.
A force de vivre à toute heure ensemble,
Vois, ils ont fini par se ressembler.

Descendons comme eux la pente insensible,
Laissons naître et fuir les brèves saisons.
En ne nous quittant que le moins possible,
Nous ne verrons pas que nous vieillissons.

C’est la récompense ; on peut la prédire.
Les amants constants gardent, et très tard,
Sur leur lèvre pâle un jeune sourire,
Dans leurs yeux fanés un jeune regard.