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Je m’offrais alors pour que tu me prisses ;
Mais cela pouvait ne durer qu’un jour.
L’aveugle désir sème les caprices ;
A peine un sur cent fleurit en amour.

Nous les connaissions, les adieux vulgaires,
Comme il s’en fait tant sur le grand chemin.
Le mot : « Pour toujours », je n’y croyais guères ;
Tu songeais : « Cela va finir demain. »

Mais nos cœurs, brisés en mainte aventure,
Furent recueillis morceau par morceau.
Notre amour fragile, et qui pourtant dure,
Est fait de débris comme un nid d’oiseau.

Sur lui nous veillons tous deux, ma jolie !
Mais, les jours brumeux, je me dis à part,
Avec un soupir de mélancolie,
Que tout ce bonheur est venu bien tard.

Je vieillis, hélas ! je descends la rampe,
Et la lassitude alourdit mes pas.
Regarde : l’hiver a mis sur ma tempe
Son premier flocon qui ne fondra pas.