Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée

Leur gardait, sans pitié des faiblesses humaines,
L’inique et monstrueuse éternité des peines,
On ne sait quel absurde et ridicule enfer.
Mais, en se soumettant à cette loi de fer,
Pour se présenter pur à la fin de la route,
Suffit-il de prier, de se soustraire au doute,
D’accomplir saintement les devoirs du chrétien,
D’aimer autrui, de dire et de faire le bien,
Et d’imiter Jésus comme un humble disciple ?
Il faut croire en un Dieu tout ensemble un et triple,
Au corps de Jésus-Christ dans le pain s’enfermant,
Aux morts ressuscités du dernier jugement,
Au fils né sans péché d’une vierge sans tache ;
Et la raison, ainsi qu’une chèvre à l’attache
Et qui ne peut brouter dans le pré défendu,
Est à jamais captive ; ― et qui doute est perdu.

Je l’entendis longtemps parler d’une voix dure,
Mêlant son dogme trouble à la morale pure,
Et, dans son rêve noir et respirant l’effroi,
Jetant les mots d’amour, d’espérance et de foi,
Pareil à l’orateur qui, sous le drapeau rouge,
Parlait aux malheureux réunis dans le bouge
De progrès, de bonheur et de fraternité.