Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/154

Cette page n’a pas encore été corrigée


La République probe, indulgente, sereine ;
La Concorde entre tous, la fraternité reine,
L’âge d’amour, la fin du mal.

Oh ! quel réveil affreux, quand la guerre civile
Sous l’étendard sanglant vint à l’Hôtel de Ville !
Mais que tu fus alors noble, intrépide et beau !
Par ton verbe de feu l’émeute apostrophée
Recula. Que pouvaient les monstres, quand Orphée
Avait la garde du drapeau ?

Hélas ! Autour du juste on fait bientôt le vide.
Les coquilles sont là, prêtes pour Aristide.
C’est le morne abandon, c’est le funèbre soir !
Salut ! grand citoyen, calme sous les injures,
Qui t’en vas dignement, sans plaintes, les mains pures,
Et qui sors pauvre du pouvoir !

Dirai-je tes vingt ans de vieillesse attristée,
Tes chagrins, ta maison de famille quittée,
Pour un peu d’or, avec des larmes de douleur ?…
Qu’on fut ingrat !… Mais non, point de parole amère !
Tu n’en as dit aucune, et tu savais qu’Homère
Serait moins grand sans le malheur.