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Mais la France a besoin de toi pour son service.
Plein de l’amour du peuple et prêt au sacrifice,
Te voici, grand tribun, sur les rostres monté.
La houle des partis en bas s’agite et gronde ;
Le Poète ne sert que deux causes au monde :
La Justice et la Liberté.

Un trône est renversé ; nous courons à l’abîme…
Pauvre homme de génie, ô cœur simple et sublime,
Je songe à tes vieux jours par tant d’ombre envahis,
A notre oubli coupable, à ta fin triste et noire !…
Ah ! proclamons, devant ton auguste mémoire,
Qu’alors tu sauvas ton pays.

Le lendemain : « Assez de rêveurs ! Trop de lyre ! »
Disait-on. Ils sont prêts, sans doute, à le redire,
Ceux dont la politique est la profession.
Point de lyre aujourd’hui ! L’absence est trop certaine.
Nuls rêveurs ! Mais où sont la voix de Démosthène
Et les vertus de Phocion ?

Tu les eus, Lamartine, en cette heure d’alarmes ;
A l’Europe irritée, et la main sur ses armes,
Comme un gage de paix tu montras l’idéal :