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Et, comme une bête affamée,
Il va, tout de suite, à trois pas,
Debout, le nez dans la fumée,
Manger son lugubre repas.


II



Eh bien, ce spectacle m’agrée.
Plein d’un respectueux émoi,
J’admire l’aumône sacrée
D’un pauvre à plus pauvre que soi.

Ceux qui demain, si c’est la guerre,
Mourront pour la France à vingt ans,
Sauvent l’existence précaire
De ces vagabonds grelottants.

C’est peu, la ration d’un homme.
Ces soldats n’ont pas trop pour eux.
Pourtant leur misère économe
Partage avec les malheureux.