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La faim creuse le flanc vorace
Des loqueteux que groupe ici
L’espoir d’un peu d’eau tiède et grasse
Et d’un morceau de pain moisi.

Vivant du rebut des cantines,
Ils tiennent, l’air discipliné,
Celui-ci sa boîte à sardines,
Celui-là son bol écorné.

Certains habitués ont même
Un tronçon rouillé de cuiller.
C’est ici la pire bohème
De la grande ville en hiver.

Silencieux, l’œil sombre et triste,
Et navrants d’immobilité,
Ils sont là, le récidiviste
Et l’homme de lettres raté.

L’un revoit peut-être des crimes
Parmi ses rêves engourdis,
Et l’autre cherche en vain les rimes
D’un de ses sonnets de jadis.