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Jambe en l’air, l’œil grivois, avec ces mots écrits :
Tous les soirs, grande fête au Jardin de Paris.
Je vous livre, monsieur, la honte de ma vie.
La gamine qui me restait, mon Octavie,
Je la pleure, à présent, bien plus que mon aîné.
Il est mort, c’est affreux !… Mais elle, a mal tourné !
J’étais veuf. Pour savoir conduire une jeunesse,
Il n’est encor que la maman qui s’y connaisse.
A l’atelier, ― c’est plein de catins, dans les fleurs, ―
La petite en voyait de toutes les couleurs.
Avec ça, très jolie….On me l’a débauchée !…
Hier, je l’ai vue, allant au Bois, empanachée
D’un chapeau qui faisait retourner les passants.
Oh ! cela fait trop mal !… Et, voyez-vous, je sens
Un dégoût à vomir mon cœur d’une nausée,
Quand j’ai sur mes placards l’Éden ou l’Élysée…
Ma fille est là, peut-être, et, tonnerre de Dieu,
C’est moi qui crie à tous le nom du mauvais lieu !

« J’en ai trop dit et j’ai parlé comme à confesse…
Bien obligé, monsieur, de votre politesse,
Et grand merci surtout de m’avoir écouté !
Tout irait beaucoup mieux dans la société,
Si le pauvre causait souvent avec le riche.
Pas d’aumône !… Serrez la main de l’Homme-Affiche