Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/107

Cette page n’a pas encore été corrigée


La rançon de vingt rois voyage
Dans son flanc de l’onde émergeant,
Et l’écume de son sillage
Est comme une sueur d’argent.

Sa marche est imposante et fière ;
Gonflé d’or, il est tout doré,
Des fanaux du château d’arrière
Jusqu’au Neptune du beaupré ;

Et la caronade qui bâille
Au sabord sculpté d’ornements
Semble être chargée à mitraille
De saphirs et de diamants.

Mais, à bord du vaisseau féerique
Naviguant sous des cieux sereins,
L’immonde virus d’Amérique
Infecte le sang des marins.

La hideuse floraison pousse,
Sans que rien y puisse obvier,
Sur le frais visage du mousse
Et sur le front brun du gabier.