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PRINTEMPS PERDUS


 
Hélas ! pourquoi si tard t’ai-je donc rencontrée,
Rose de mon automne, ô mignonne adorée ?
Pourquoi, pourquoi si tard ?… Je songe bien souvent
Que jadis, moi, jeune homme, et toi, petite enfant,
Nous étions des voisins, et que, sans nous connaître.
Moi mûr trop tôt, et toi venant presque de naître,
Nous habitions tous deux dans ce coin de Paris
Où, maintenant, avant déjà des cheveux gris,
Vieux garçon tout surpris de ma bonne fortune,
Le long des boulevards déserts, les soirs de lune,
Je vais en te serrant le bras, silencieux,
Et m’arrête parfois pour te baiser les yeux.