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Enfin le médecin dit que c’est la croissance !…
C’est qu’il est si mignon… et d’une obéissance !…
Et tout ce qu’il voudrait, il l’apprendrait, je crois,
Mon Joseph… À l’école, il a toujours la croix…
Mais sa santé… voilà ce qui me désespère !

— Courage ! — dis-je.

— Courage ! — dis-je.  — Enfin, mon commerce prospère, —
Continua l’aïeule, — et de telle façon,
Monsieur, que rien ne manque à mon pauvre garçon.
Le bon Dieu, quand j’ai trop de mal, me vient en aide.
Tenez, j’ai cru l’enfant malade sans remède,
Voilà tantôt trois ans… Le docteur ordonna
Des médicaments chers, du vin de quinquina…
Mais, juste en ce moment, je m’en souviens encore,
La Chambre renversa le cabinet Dufaure,
Et j’ai pu, — je gagnais des douze francs par jour, —
Donner ce qu’il fallait à mon petit amour…
Au Seize Mai, — la vente allait, je vous assure ! —
J’ai fourni mon Joseph de linge et de chaussure ;
Et quand le Maréchal, à la fin est tombé,
J’ai fait faire un habit tout neuf à mon bébé… »

Le retour de Joseph finit la causerie ;