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Oui, nous l’envions, ce sceptre de rose
Sur un jeune sein morte un soir de bal ;
Et notre tristesse est souvent éclose
En nous rappelant l’air du carnaval.

Nous avons aussi perdu notre amante ;
Nous l’avons poussé, ce soupir amer
Du pêcheur qui pleure et qui se lamente,
Seul et sans amour, d’aller sur la mer.

Celle que tout bas tu nommes petite,
Celle à qui tu dis : Le monde est méchant,
Nous a bien prouvé, l’enfant hypocrite,
Qu’elle avait un cœur, en nous trahissant.

De ses yeux d’azur la larme tombée,
Diamant du cœur par ta main serti,
Nous l’avons tous bue, à la dérobée,
Sur un billet doux qui nous a menti.

Et sur les joujoux laissés par la morte,
Aujourd’hui muets et si gais jadis,
Nous prions encor pour que Dieu supporte
Le bruit des enfants dans le Paradis.