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C’est la première fois qu’elle entre dans ces fêtes,
Elle est en blanc ; elle a, dans les tresses défaites
De ses cheveux, un brin délicat de lilas ;
Elle accueille d’abord d’un sourire un peu las
Le danseur qui lui tend la main et qui l’invite,
Et rougit vaguement, et se lève bien vite,
Quand, parmi la clarté joyeuse des salons,
Ont préludé la flûte et les deux violons,
Et ce bal lui paraît étincelant, immense :
C’est le premier ! Avant que la valse commence
Elle a peur tout à coup et regarde, en tremblant,
Au bras de son danseur s’appuyer son gant blanc.
La voilà donc parmi les grandes demoiselles,
Oiselet tout surpris de l’émoi de ses ailes.
Un jeune homme lui parle et marche à son côté ;
Elle jette autour d’elle un regard enchanté
Et qui de toutes parts reflète des féeries ;
Et devant les seins nus couverts de pierreries,
Les souples éventails aux joyeuses couleurs
Semblent des papillons palpitant sur des fleurs.

Pourtant elle est partie, à la fin. Mais mon rêve
Reste encor sous le charme et, la suivant, achève,
Cette première nuit du plaisir révélé.
Dans le calme du frais boudoir inviolé,