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Elle se tient debout, comme un spectre de reine,
Prise dans les grands plis que fait sa robe à traîne.
Au fond de ses yeux froids et pâles rien ne luit ;
Et c’est un lys éclos au soleil de minuit.
Au temps où dans le Nord je voyageais, princesse,
Je n’eus pas le bonheur de vous voir, mais sans cesse
Votre nom dit par tous, — que je veux taire ici, —
Eveillait dans mon cœur un douloureux souci.
Il m’a fait regretter mon obscure origine,
Et quanti je le prononce encore, j’imagine
De royales amours et, — rêveur insensé, —
Je crois être un instant votre beau fiancé.
Magnifique et reçu dans des honneurs insignes,
J’arrive du côté de la neige et des cygnes ;
Je suis un czaréwitch très-blond et presque enfant
Qui porte ce jour-là l’ordre de l’Éléphant,
Pour faire à votre père ainsi ma politesse,
Et je viens demander la main de Votre Altesse.
Nous ne nous disons pas de bien longues fadeurs,
Puisque tout est réglé par nos ambassadeurs.
L’escadre russe, ainsi que la flotte danoise,
Pour le jour solennel seulement se pavoise,
Et, dans l’instant heureux où vous prenez mon nom,
Vous tire un madrigal de cent coups de canon ;