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Il semble qu’avec elle il soit d’intelligence :
Ce malade, elle n’a qu’à le laisser mourir…
Oui, le remède est là qui pourrait le guérir,
Mais ne peut-elle pas s’être, une heure, endormie ?

Puis elle fond en pleurs et s’écrie : « Infamie ! »

Et la lutte durait encor, quand l’Allemand,
Tiré de son sommeil par un gémissement,
S’agita dans un rêve, et, fiévreux, dit : « À boire ! »

Irène alors leva vers le vieux Christ d’ivoire
Suspendu sur le mur, à la tête du lit,
Un sublime regard de martyre, et pâlit,
Puis, l’œil toujours fixé sur le Dieu du Calvaire,
Versa le contenu du flacon dans un verre,
Et délicatement fit boire le blessé.

Seigneur, vous avez vu, seul, ce qui s’est passé
Au chevet de ce lit, dans ces heures funèbres,
Lorsque l’Esprit du mal parla dans ces ténèbres :
Vous qui fûtes conduit au désert par Satan
Et n’avez qu’à la fin pu lui dire : « Va-t’en ! »
Vous pardonniez, Seigneur, à cette âme tentée.
Lorsque l’épreuve enfin fut par elle acceptée,