Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/300

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le remède prescrit pour empêcher qu’il meure ;
Cet homme y compte bien ; il repose, abrité
Sous le toit protecteur de l’hospitalité ;
Le flacon qui contient sa vie est sur la table,
Il attend !… N’est-ce pas que c’est épouvantable ?

Quoi ! lorsqu’elle se sent lentement envahir
Par tout ce que contient d’affreux le mot haïr ;
Lorsque gronde en son sein la colère terrible
Qui dirige le bras de Jahel, dans la Bible,
Quand elle cloue au sol le front de Sisarah,
Cet Allemand maudit, elle le sauvera !
Allons donc ! On n’est pas à ce point généreuse !
Quand elle cède presque à la pensée affreuse,
À l’atroce désir de tirer du fourreau
Le sabre avec lequel a frappé le bourreau
Et dont brille en un coin le lourd pommeau de cuivre,
Pour obéir aux vains préjugés et pour suivre
On ne sait quel devoir et quel respect humain,
Elle-même mettra dans cette horrible main
Par qui toute sa joie ici-bas fut ravie,
Le repos, le sommeil, la guérison, la vie !
Jamais ! Cette fiole, elle va la briser.
Mais non, c’est inutile. Elle n’a qu’à laisser
S’accomplir le destin ; pour servir sa vengeance,