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Enfin il fut bloqué dans Metz avec l’armée ;
Et sachant seulement d’un fuyard de là-bas
Qu’il n’avait point péri dans les premiers combats,
Irène, devant tous domptant ses pleurs rebelles,
Eut le courage alors de vivre sans nouvelles.
On la vit devenir plus pieuse qu’avant ;
Elle passait sa vie à l’église ; et souvent
Elle allait visiter les pauvres du village,
Parlant plus longuement et donnant davantage
À ceux dont les enfants par la guerre étaient pris.

C’était le temps affreux du siège de Paris ;
Gagnant toute la France ainsi qu’une gangrène,
L’invasion touchait presque au château d’Irène ;
Des uhlans fourrageaient dans le pays voisin.
Le curé de l’endroit et le vieux médecin
Avaient beau, chaque soir, au foyer de famille,
Ne parler que de mort devant la jeune fille,
Elle n’avait au cœur aucun pressentiment.
— Roger était à Metz avec son régiment ;
À sa dernière lettre il était sans blessure ;
Il vivait, il devait vivre ; elle en était sûre.
— Et, forte de l’espoir des fidèles amours,
Le chapelet aux doigts, elle attendait toujours.