Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/279

Cette page n’a pas encore été corrigée

Au fils de l’empereur Napoléon premier ;
Et les braves Viennois, certes, ne pouvaient croire
Que de l’Empire mort et de sa vieille gloire
Ce major autrichien conservât le regret.
Seulement on a su depuis qu’il en mourait.

Il n’avait pas dix ans, pâle et chétive Altesse
Dans le parc de Schœnbrunn promenant sa tristesse,
Jeune aiglon se sentant vaguement prisonnier,
Quand, dans un carrefour désert, un jardinier,
Grand vieillard aux traits durs, à la moustache grise,
Prit par le bras l’enfant tout troublé de surprise ;
Puis, écartant sa veste et montrant sur son cœur
Un ruban rouge auquel pendait la croix d’honneur,
Cet homme, apparemment un des vieux de la vieille
Que Bonaparte aimait à tirer par l’oreille,
Lui cria :

                      « Monseigneur, connaissez-vous cela ?… »

Le duc fondit en pleurs ; mais, depuis ce temps-là,
Avec le froid chagrin d’un cœur qui désespère,
Tous les jours, à toute heure, il pensait à son père.
En cachette, le soir, l’enfant impérial,
Lisant les Bulletins et le Mémorial,