L’aveugle entreprenait cette grande aventure
Au milieu d’une hostile et farouche nature.
Souvent elle tomba, lasse, sur les genoux,
Et souvent se perdit, mais les nombreux Indous
Qui se purifiaient près de Fonde sacrée
Remettaient en chemin la plaintive égarée.
Quand son pied rencontrait quelque arbuste rampant,
Elle croyait fouler le dos mou d’un serpent ;
La nuit, elle entendait rouler jusqu’aux rivages
Les durs barrissements des éléphants sauvages
Et le rauque sanglot du grand tigre affamé ;
Mais, parmi les périls, vers son cher bien-aimé
Elle marchait toujours, presque nue et sans armes,
Cette enfant qui n’avait plus d’yeux que pour les larmes.
Elle parvint, mourante et brisée, à Patna.
Un pèlerin venu pour adorer Krichna
Et qui la rencontra s’accrochant aux murailles,
Sentit pour ce malheur s’émouvoir ses entrailles
Et la mena devant la pagode où Sangor
Traînait sa triste vie et mendiait encor.
À l’aspect de Djola, l’homme au visage horrible
Se voila de ses mains avec un cri terrible ;
Mais elle, retrouvant la vie et la vigueur,
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