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déliant, avec un doux geste d’amant,
Les bras qui le tenaient dans leur enlacement,
Il dit tout bas deux mots au nègre qui se penche ;
Et, suivi de son vieux vizir a barbe blanche,
Sans que par sa hautaine et sombre majesté
Le murmure lointain paraisse être écouté,
Allant droit au danger et certain d’y suffire,
Il descend le superbe escalier de porphyre
Sur la rampe duquel sont sculptés des dragons.

Clameurs. La lourde porte a roulé sur ses gonds ;
Et, dans la brume d’or d’un grand soleil oblique,
Apparaît brusquement, sur la place publique,
Le flot bariolé des fez et des turbans ;
Et cette multitude aux milliers d’yeux flambants
Salue en un seul cri de ses bouches sans nombre
Le sultan radieux debout sous l’arche sombre.

Khalil, le vieux vizir, le suit à pas discrets ;
Et Djem, l’eunuque noir, quelques instants après,
Survient, et derrière eux, dans une morne pose,
Il se place, cachant dans un sac quelque chose.

Au seuil de son palais, le sultan fait trois pas ;
Et, sur le peuple vil qui grouille et hurle en bas,