Reste close, et toujours le sérail est fermé.
Pourtant Khalil-Pacha, le vizir bien-aimé,
Le seul des courtisans qui puisse se permettre
De frapper au harem et d’approcher du maître,
Insiste pour le voir et veut être entendu.
Sur un large divan mollement étendu
Et coiffé du turban d’où jaillit son aigrette,
Mahomet le reçoit dans la chambre secrète
Où fument des parfums sur quatre trépieds d’or.
Voluptueux et veule, il laisse errer encor
Son indolente main sur la guzla d’Épire ;
Et celle qui commande au maître de l’empire
Et cause contre lui tant de rébellion,
Presque nue à ses pieds sur la peau d’un lion,
De ses longs cheveux noirs voile ses formes blanches.
Khalil, courbant le front et les mains sous ses manches,
Attend que de parler il obtienne loisir.
« Que veut, dit le sultan, mon fidèle vizir ?
Pour venir me troubler ici sans qu’on l’appelle,
L’instant est mal choisi… Car ma sultane est belle,
Et je lui récitais des vers dignes d’Hafiz.
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