Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t2, 1892.djvu/182

Cette page n’a pas encore été corrigée

Aller au bal, au club, aux eaux, et cætera.
Le sourire survit au bonheur. Qui peut dire
Cet homme malheureux, puisqu’on le voit sourire ?
Savons-nous, quand, le soir, rêveurs, nous admirons
Le zodiaque immense en marche sur nos fronts,
Combien dans la nature, Isis au triple voile,
La lumière survit à la mort d’une étoile,
Et si cet astre d’or, dont le rayonnement
A travers l’infini nous parvient seulement
Et décore le ciel des nuits illuminées,
N’est pas éteint déjà depuis bien des années ?

Donc, mort à toute joie et sans espérer mieux,
Olivier vit et souffre, et peut devenir vieux.
Indifférent à tout ce que le sort lui laisse,
Bon par occasion ou méchant par faiblesse,
Il est pour le vulgaire un sceptique élégant.
Comme on donne sa main, mais sans ôter son gant,
Même au plus cher ami qui de lui le réclame
Il ne dit qu’à moitié le secret de son âme ;
Il jette la réserve entre le monde et lui,
Et de son désespoir ne montre que l’ennui.
Né fier, il garde encor la pudeur de sa peine.
Si parfois dans ses vers il fait, comme Henri Heine,
En ces heures de crise où tous nous faiblissons,