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Partout on voit le flot de la foule grossir ;
Et l’ivrogne trébuche, et la fille publique
Assaille le passant de son regard oblique.
Le pauvre qui mendie avec un œil haineux
Vous frôle ; et sous l’auvent des kiosques lumineux
S’étalent les journaux, frais du dernier scandale.
En un mot, c’est la rue, effrayante et brutale !
Du luxe, des haillons, de la clarté, des cris
Et de la fange ! C’est le trottoir de Paris !

Il plongea dans Paris, comme on se jette au gouffre ;
Et, depuis lors, c’est là qu’il vit, c’est là qu’il souffre,
Sous un air calme et doux cachant un cœur amer,
Comme un beau fruit d’automne où s’est logé le ver.
C’est là qu’Olivier vit, si l’on appelle vivre
Se livrer au courant qui nous prend, et le suivre,
Ainsi que nous voyons une plume d’oiseau
Descendre avec lenteur la pente d’un ruisseau.
N’importe ! Olivier vit, supportant comme un autre
Son chagrin. Tous d’ailleurs n’avons-nous pas le nôtre ?
Jamais il ne se plaint, et souvent il sourit.
Tout comme un autre, il sait répondre aux mots d’esprit
Lancés après souper comme au jeu des raquettes,
Derrière l’éventail amuser les coquettes,
Voir le monde, lorgner les gens à l’Opéra,