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À quoi penses-tu, forgeron,
Quand ton marteau rive des chaînes ?
À quoi penses-tu, bûcheron,
En frappant au cœur les vieux chênes ?

La nuit, quand le vent désolé
Pousse au loin sa plainte éternelle,
Sur le rempart démantelé,
À quoi penses-tu, sentinelle ?

Et, sur vos gradins réguliers,
Vous, chère et prochaine espérance,
À quoi pensez-vous, écoliers,
Devant cette carte de France ?

— Car, hélas ! je sens que l’oubli
A suivi la paix revenue,
Que notre rancune a faibli,
Que la colère diminue.

Prenons-y garde ! Les drapeaux
Se fanent, roulés sur la hampe ;
Et ce n’est pas dans le repos
Qu’une bonne haine se trempe.