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De colliers de sequins son front et son corsage,
L’œil brillant, un éclair d’orgueil sur le visage,
Heureuse d’être ainsi plus belle et de le voir,
Et sans se retourner parlant dans le miroir,
Elle eut pour le jeune homme un regard de coquette,
Et, sans timidité, s’adressant au poète
D’un ton libre et léger dont il fut tout saisi,
Elle lui dit :
                        « Comment me trouvez-vous ainsi ? »

Il frémit. ― Sa mémoire, en son cruel caprice,
Évoquait tout à coup devant lui cette actrice
Dont il avait été jadis six mois l’amant.
Elle avait à peu près ce même ajustement,
Et devait se montrer dans un rôle d’almée,
Le soir où, dans sa loge étroite et parfumée,
Il fumait un cigare, assis dans un fauteuil.
C’était le même geste, et le même coup d’œil,
C’était la même voix hardie et dégagée,
Quand la comédienne, après s’être arrangée
Et sans cesser de faire au miroir les yeux doux,
Avait dit :
                      « Olivier, comment me trouvez-vous ? »

Par un effort d’esprit aigu jusqu’au supplice,